Sorti du stade après le match de Dimitrov à minuit, j’y suis déjà de retour à 11h pour suivre son ex-girlfriend la revenante Sharapova. Grâce aux décibels qu’elle renvoie dans le stade à chaque frappe de balle, c’est un très bon moyen pour se réveiller. Sur le programme du jour, un article est consacré au retour de Delpotro et de la Russe. Pour l’Argentin, le journaliste insiste bien sur ses qualités mentales et son courage pour revenir après de graves blessures ; pour Sharapova, on indique seulement qu’ils sont heureux de la revoir à Melbourne. Inutile de rappeler son dossier médical un peu trop chargé pour évoquer son absence, cela relève de la vie privée.

Je rencontre pendant le match un Australien. Il connaît un peu la Bretagne car a bossé à Londres et s’est promené un peu partout en Europe. Il me raconte ses tourments et je conclue qu’il doit être le cousin éloigné de Pierre Richard dans « La chèvre ». Il a voulu aller 2 journées voir Wimbledon. Pour avoir des billets, il faut faire la queue le matin même des matchs. La première fois, il a eu un numéro d’attente supérieur à 4000 et n’a rien eu. La deuxième, il était présent devant le kiosque à 5h du matin, a attendu 6 heures avec son numéro 900 et a pu avoir un billet. Malheureusement, il n’a vu qu’un set de son compatriote Kyrgios puis il s’est mis à pleuvoir et la journée fut annulée. Un autre jour, il a voulu voir un concert : annulé au dernier moment (je n’ai pas bien compris qui, quand et comment ; ma compréhension australienne est parfois limitée). Enfin, il est venu voir un match de football à Paris. Il a perdu son portefeuille avec son billet d’entrée dedans et a fini par errer sur les Champs-Elysées en ne sachant pas trop quoi faire. Après sa narration, je préfère bizarrement m’éloigner de lui. Presque par superstition…

Quand j’ai acheté mes billets sur internet au mois d’août, je pense que ce n’était pas le site de la billetterie officielle. Peut-être celui des sponsors ou des entreprises partenaires… Car, quand je me pose pour manger dans le Melbourne Park, certaines personnes me demandent si je suis un joueur ou un VIP quelconque car mon billet en pendentif autour du cou n’a pas le même format que le leur. Je n’ai pas trouvé la réponse.

Il reste que j’avais opté pour 2 options. Je m’étais assuré d’avoir des places à l’ombre dans le Rod Laver Arena et la montée du thermomètre me donne raison. J’avais aussi coché une autre option : la promenade du fan…

En fait, quand j’écrivais hier que je serai sur le stade aujourd’hui, c’était une annonce, pas une boutade.

Pour les matchs de l’Espagnole Muguruza ancienne numéro 1 mondiale, vainqueur de Roland Garros en 2016 et Wimbledon en 2017 face à la ressortissante de Taipei Hsieh, de l’Australienne Barty, finaliste à Sydney la semaine dernière contre l’Italienne Giorgi, de Federer opposé à l’Allemand Struff et pour l’affiche entre Gaël Monfils et Novak Djokovic, je suis allé assister à leur entrée sur le court et l’échauffement directement sur le terrain. Très belle expérience. Je peux donc écrire que j’ai été sur un court de tennis en même temps que Federer et Djokovic. Manquait plus que la raquette.

 Pour la petite histoire, pour y accéder, j’ai eu le droit à chaque fois à un briefing sur ce que je pouvais faire et ne pas faire. On m’avait prêté un pass spécial et la balade dans les coulisses m’a permis de voir les nombreux contrôles de badge. Pas matière à plaisanter même s’il n’y a aucun problème et aucun signe de nervosité de la part de la sécurité. Juste du sérieux. Il y a même une personne assise sur une chaise dans un ascenseur dont le seul travail est de contrôler les personnes autorisées et d’appuyer sur le numéro de l’étage. Les organisateurs de cette balade ont offert un petit extra : assister à l’interview de Sharapova après sa victoire juste à la sortie du stade. Elle finit donc son match, répond aux plus ou moins mêmes questions du speaker directement sur le court, puis de 2 chaines de télévision partenaires en sortant du court, tout cela en tout juste 10 minutes. C’est un métier.

Après chaque passage sur le court, je remonte tranquillement à ma place et m’assois à côté d’un sexagénaire australien. Question traditionnelle : « where do you come from ? » et il se met à me parler de Saint-Malo qu’il a visité et trouvé très beau. Une fois la conversation engagée, je l’avertis avant le match de Monfils contre Djokovic qu’il va peut-être avoir mal aux oreilles. Pas de problème, ça l’amuse beaucoup. Après les traditionnels « Allez Gaël », « Ouuuuuiiii c’est ça », « C’est pas grave continue », « Lâche rien, il est aussi cuit que toi » (pour rappel, le supporter français tutoie son favori), je me lance un défi. Il y a une douzaine d’années quand j’allais au stade Francis le Blé avec les copains encourager Brest, on devait lancer un cri ou une chanson. Si le public reprenait, on marquait un point sinon râteau. Généralement, pour gagner, il suffisait d’utiliser un thème monosyllabique ou une onomatopée. Alors tout seul dans un grand stade et en anglais, je tente. L’important est de bien choisir son moment. Entre 2 points, ça peut faire un flop et pendant le changement de côté, il y a de la musique contre laquelle ma voix ne peut lutter. En plus, le public rentre et sort du court, pas assez attentif. Il y a pourtant une occasion : en début de set, au bout d’un jeu, les joueurs tournent sans aller s’asseoir, personne ne bouge dans le stade et j’ai là une fenêtre de 3 à 4 minutes. Je me lance. « If you like Gaël Monfils, clap in your hands clap clap, if you like Gaël Monfils, clap in your hands clap clap, if you like Gaël Monfils, if you like Gaël Monfils, if you like Gaël Monfils, clap in your hands clap clap », le clap clap étant évidemment le moment où tout le public est censé taper 2 fois dans ses mains. Au premier clap clap, je suis tout seul à frapper dans mes mains. Montée d’adrénaline et monumental bide en vue. Au deuxième, c’est beaucoup mieux et au troisième c’est très bon. Je m’attribue un beau point surtout qu’après la chanson, je hurle un « sorry for my accent ». Effet assuré. Mon voisin me glisse à l’oreille un « well done ».

Ca ne suffit pas à faire triompher le Français. Après une belle entame, il s’écroule sous la chaleur. Il fait 39 degrés dans l’air. Je n’imagine pas sur le court. Et il y a du public qui est resté sur les chaises ensoleillées alors que certaines étaient libres à l’ombre !!!

A la fin du match, on a l’impression de voir des zombies se promener entre les points. C’est limite « non assistance à personne en danger ». Il y a d’ailleurs une polémique à ce sujet. Normalement, la plus belle affiche est programmée en soirée. Mais Federer aurait fait pression pour jouer en nocturne avec 10 degrés de moins. Comme on ne refuse rien au roi, il s’agit tout de même d’un manque d’impartialité de la part des organisateurs.

Je finis ensuite le match près du staff du Serbe en espérant une petite photo avec son entraineur, un certain André Agassi. L’ancien numéro un mondial a tout gagné, contrairement à Federer, Nadal ou Djokovic : les 4 tournois du grand chelem, la médaille d’or olympique en simple, le masters et la coupe Davis. Au moment où il pose avec moi, il se fait bousculer. Photo ratée. Et comme, on est une cinquantaine à avoir eu la même idée, il ne m’a pas sorti « c’est pas grave Laurent, attends, on la refait ».

Après le match, je pars sur le court numéro 2. Il y a peu de monde, l’ambiance est tranquille, très reposante. Richard Gasquet affronte l’Italien Sonego, qui me rappelle Daniel Larusso, le personnage de Karaté Kid.

Je m’assois derrière le staff du Français. Comme il gagné très facilement, tout le monde est détendu. Thierry Champion, directeur du haut niveau à la FFT, ancien joueur professionnel qui connut le bon (quart de finaliste à Roland Garros et Wimbledon) et le très mauvais (défaite 6-0 6-0 6-0 en 1h seulement au deuxième tour de Roland Garros contre l’Espagnol Bruguera, futur vainqueur) et Fabrice Santoro, vainqueur de la Coupe Davis en 1991 et 2001, ne refusent pas une photo souvenir.

Je me rends ensuite sur le court numéro 8 et croise Mats Wilander, ancien numéro 1 mondial, vainqueur de 7 tournois du grand chelem, aujourd’hui consultant à Europort.

A noter qu’une grande majorité des joueurs se prêtent volontiers au jeu des selfies. Une mention particulière pour leur gentillesse à Wilander, Llubicic et Santoro et leurs quelques mots du genre « avec plaisir », « sure », « all right, you got it ?», « of course »…

Sur le 8, ambiance germano-ibérique. L’Espagnol Verdasco, ancien demi-finaliste en Australie affronte Marterer que je découvre. Il sont tous les 2 gauchers, portent une casquette et sont habillés avec le même équipementier. Je ne peux malheureusement pas rester jusqu’au bout car je dois aller me promener sur un court avec un Suisse. A notamment la présence en guest star également tout près du court, du célèbre nageur australien, double champion olympique et septuple champion du Monde, Michael Klim.

J’ai su plus tard que c’était le gaucher avec une casquette, habillé chez adidas qui avait gagné en 5 sets. A suivre.