La nuit a été courte. Vers 4h du matin, je me réveille. Impossible de me rendormir. La même impression qu’après une sieste dominicale hivernale. Le jetlag en pleine tête. Pour les garçons de 10, 8 et 6 ans qui me lisent, un peu de pédagogie. Le jetlag est un décalage horaire entre son horloge interne, c’est à dire son cycle de sommeil, et l’activité extérieure (ici alternance jour/nuit). Pour simplifier, l’envie de dormir ne vient pas à l’heure où on serait sensé dormir, en l’occurrence la nuit. Résultat : j’ai lu jusqu’à 9h et me dis alors que la journée sera longue. Petit déjeuner avec fruits de saison (fraises, melon, pastèque), et en route pour la visite de Melbourne. Dans le bus qui m’amène au centre, je discute avec un couple de Tasmaniens, qui loin d’être diaboliques, me vantent le charme de la ville. Le gars me demande pourquoi je suis là et si je suis un fan de Gasquet. Je lui réponds « Come on Roger » et il se marre. (Au fait, ça ressemble à quoi un fan de Richard Gasquet?) En approchant Melbourne, cela me rappelle Manhattan, une banlieue très étendue avec de petits bâtiments puis un ilot de verticalité, de très hauts buildings concentrés dans quelques kilomètres carrés. Mais une fois piéton, le ressenti est différent. Le ciel a beau être orageux et quelques gouttes se mettre à tomber, la première impression est très agréable. L’harmonie entre les bâtiments modernes et victoriens, les lignes de tramways et les routes cyclo-pédestres, la nature et le béton est exquise. Les gens sont polis, avenants et souriants. Qui plus est, les arbres parfument les rues de façon enivrante. C’est beau de l’air au sol. Là tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Une vraie invitation au voyage… Promenons nous donc et continuons la visite par le très célèbre Royal Botanic Garden. C’est remarquable. Le jardin est immense et très soigné ; on se croirait tantôt dans la jungle, tantôt à Venise en apercevant des pirogues. Je comprends pourquoi Melbourne a été élue la ville la plus agréable du Monde pour la 7ème fois d’affilée d’après The Economist.

       

Tout autour du parc, des coureurs à pied ne sont pas là pour vendre du muguet. Ils enchainent les tours, les montées et les descentes. J’oublie le côté bucolique et le naturel revient : la socquette me démange (ce n’est pas une contrepèterie). Ce week-end, footing. Faudra quand même être vigilant sur un point: les Australiens roulent du mauvais côté de la route.

Je continue la visite et passe près du parc olympique des jeux de 1956. J’imagine le temps du voyage pour venir de France; ça devait être interminable.

Une pensée pour Alain Mimoun et son mouchoir blanc. Pour l’anecdote, le marathon couru au mois de décembre se déroula sous une très forte chaleur. Le Français triompha du grand favori, la locomotive Tchèque Emil Zatopek. Après coup, il vit des signes annonciateurs à sa victoire : le départ fut donné à 15h13, il portait le dossard 13 et sa fille née la veille fut appelée Olympe. Mouais!!! Mon avis reste que pour effectuer le marathon en 2h25 sous le cagnard avec un équipement sommaire, il faut d’abord savoir courir, peu importe les signes. 

 

Je passe ensuite devant le mémorial Ferenc Puskas, le Messi-Ronaldo des années 50. Lors de la coupe du Monde de football en Suisse en 1954, Puskas, leader d’une équipe de Hongrie invincible, perd contre toute attente, malgré son titre de meilleur joueur du tournoi, face à une équipe au palmarès insignifiant à cette époque : la RFA. Le Magyar fuit ensuite son pays natal après les événements politiques de 1956 pour se réfugier en Espagne où il joue au Real Madrid pendant 8 saisons. Il y remporte 3 coupes européennes des champions. Après une brillante carrière de joueur et un nombre incalculable de buts, il devient entraineur de plusieurs clubs, notamment South Melbourne.

Maintenant allons découvrir Melbourne Park et surtout récupérer les billets d’entrée. Il faut d’ailleurs être aveugle pour ne pas savoir que l’Australian Open approche. Il y a des affiches publicitaires partout en ville : c’est vraiment l’événement estival. Une fois arrivé sur le site, gros stress. Je vais d’abord au bureau information et on me dit d’aller de l’autre côté du parc au guichet des billets. Au guichet, on me dit que l’on ne s’occupe pas des pass que j’ai achetés et qu’il faut retourner au bureau d’information. Je retourne voir les bénévoles qui ne savent pas où je dois aller et avouent ne pas connaître ce type de pass. Evidente accélération cardiaque, je me vois déjà suivre la quinzaine devant la télé dans un bar!! Mais heureusement, j’avais imprimé tous les mails de ma correspondance avec les vendeurs et le plan du soi-disant guichet de retrait et, le bon côté des bénévoles, contrairement à un autre tournoi français du grand chelem dont je tairai le nom, c’est qu’ils veulent vraiment t’aider. Un des leurs m’accompagne donc à la recherche du fameux bureau. Et après avoir interrogé 3 personnes, on me présente à une responsable qui SAIT. Je dois en effet récupérer mes billets dans une zone à laquelle je n’ai pas accès. ET j’aurai accès à cette zone quand j’aurai mes billets !!! Mais c’est bien sûr !!! La dame va heureusement chercher très aimablement mes billets et revient avec une sorte de boite de chaussures de luxe.

Passé le stress et ce curieux paradoxe, le résultat dépasse mes espérances. La responsable me dit que comme j’ai un pass « all sessions », j’ai le droit à quelques privilèges. Je passerai par l’entrée VIP, sans queue donc, avec accès à l’Atrium, une sorte de salle où j’aurai boissons et nourriture gratuitement et pourrai assister aux rencontres de tous les courts sauf le Margaret Court Arena. Je suis comblé. Les billets en poche, je peux enfin calmement musarder à travers les courts. A souligner que contrairement à Paris (20 euros mini), les journées de qualification sont gratuites. Du coup, les tribunes sont déjà bien remplies. Une petite photo très sympa avec Samantha Stosur, vainqueur de l’US Open 2011 et finaliste de Roland Garros en 2010, ex 4ème mondiale en simple et numéro 1 en double et je file visiter le Margaret Court.

Là, à nouveau belle surprise, match exhibition entre Dominic Thiem, numéro 5 mondial, et Rafael Nadal, un Espagnol pas mauvais du tout mais truffé de tics. On en est au 3ème set, un super tie-break, donc, autant profiter du spectacle, ça ne me prendra pas toute l’après-midi.

Comme le placement est libre, pourquoi se mettre n’importe où? Je choisis de m’asseoir 2 sièges à coté de Sebastian Nadal, père du tennis gaucher, et Carlos Costa, ex numéro 10 mondial et agent du numéro 1 mondial. Il y a aussi autour de nous les préparateurs physiques et quelques journalistes espagnols suiveurs. Ça commente beaucoup dans une langue que je connais, je me croirai à la maison. Dommage que Carlos Moya, ex numéro 1 mondial et vainqueur de Roland Garros 1998, actuel coach de Nadal, soit sur le côté du court à suivre son poulain et pas dans les tribunes. Un petit selfie rapide tout de même avec l’agent et il me vient une idée.

Je vais essayer de les suivre discrètement voir où ils me mènent. Pas très loin en fait. Seulement dans un couloir où ils disparaissent dans un ascenseur. Je continue pourtant seul et, au bout du couloir, accède à une salle. Surprise!! Pas de Marcel Béliveau mais un shooting de Richard Gasquet et Alexander Zverev, actuel numéro 4 mondial. Je demande une photo avec l’Allemand et rate complètement mon selfie, un flou impardonnable. Quel amateur !!

J’attends alors le Français mais un surveillant massif et vigilant constate que je suis le seul du groupe à ne pas avoir de badge autour du cou. Je sens que je vais être brusquement sur le départ. Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoute. Pas de cliché avec Richard donc et je ne sais finalement toujours pas à quoi ça ressemble un fan de Gasquet.

Pour finir la journée, après une pause déjeuner, je visite le bâtiment le plus haut de la ville : le Eureka Skydeck. Et chose incroyable, parviens à surmonter mon vertige et même à prendre des photos plongeantes. A suivre….