Sommes-nous au bout de nos surprises ? J’avoue une déception de ne pas me délecter d’un NadalFederer dimanche. La présence de Cilic ou Edmund annonce moins de clinquant. Mais ne faisons pas la fine bouche. C’est l’été, c’est les vacances et il fait beau et chaud (contrepèterie belge). Sur le chemin de la Rod laver Arena, je m’arrête près de la rivière pour suivre un entrainement d’aviron. Je n’en ai jamais fait ; ça ne doit pas être évident mais sûrement très complet physiquement. Peut-être que le poste de barreur me conviendrait mieux.
Je vous passe les détails de mon arrivée au stade. C’est devenu une routine mais toujours très agréable.


On trouve maintenant moins de monde dans les travées du Melbourne Park; les tribunes des courts annexes sont quasi désertiques. Les Australiens aiment le sport mais peut-être pas assez pour suivre les simples et doubles juniors. Pourtant s’y trouve probablement la future star du tennis mondial. Et pourquoi pas une nouvelle Asiatique puisque les 2 premières têtes de série sont la Chinoise Wang et la Taiwanaise Liang chez les jeunes filles ?
Chez les grandes, peu de suspense. La Roumaine Simona Halep et l’Allemande Kerber pulvérisent la Tchèque Pliskova et l’Américaine Keys en 2 manches chacune. On aura donc en demi-finales du simple dames la numéro 1 mondiale, 2 anciennes autres numéro 1 mondiale et la perle belge Mertens. Ça promet et vaudra le détour.
L’après-midi se poursuit avec, chez les messieurs, le quart de finale entre Chung, la révélation de ce début de saison, et la grosse cote Sandgren. La partie est passionnante et le tennis pratiqué un vrai combat. Oubliée la partie insipide de hier soir. Bien que sa tenue à la volée soit encore très perfectible, le Coréen a un jeu du fond de court exceptionnel et son adversaire voit du pays. Si l’Américain abandonne un jour le tennis, il pourra toujours ouvrir un magasin d’essuie-glaces dans le Tennessee tellement il est baladé de droite à gauche. Pour ce match, j’avoue un parti pris pour Chung. D’abord pour ce jeu étonnant, ensuite pour son look en pull Lacoste (Manu, tu l’as ?), ses lunettes assorties et enfin pour la perspective d’un FedererChung en demi-finale. Cet éventuel match intergénerationnel aurait plus de saveur qu’un BerdychSandgren. Et il faut avouer également que j’apprécie moyennement (c’est un euphémisme) les révélations au sujet de probables positions politiques de l’Américain un peu trop extrême-droitières. A peine sorti de l’anonymat que le fâcheux fait fureur.
Après 2 sets de haut niveau, l’essuie-glace a des ratés. Son tennis est maintenant prévisible (Manu, encore une) et le jeune Asiatique en prend la pleine mesure. Et malgré un dernier jeu de toute beauté, l’Américain doit rendre les armes. Chung en demi-finale, Pyeongchang qui accueille les jeux olympiques dans 2 semaines, c’est la fête en Corée du Sud.


Après une balade dans Melbourne au soleil couchant, me voilà de retour au stade. Sur le chemin, je croise un joueur de biniou ou de cornemuse. Pas de kilt pour lui, trop poilu des jambes.

Le match du jour est un classique du genre. C’est la 26ème rencontre entre le Tchèque Tomas Berdych et le Suisse Roger Federer, la cinquième à l’open d’Australie. L’année passée, la rencontre du 3ème tour entre les 2 tennismen avait tourné à la démonstration suisse. Le numéro 2 mondial a cette année eu 4 tours relativement aisés pour se préparer. Il a passé 1h26’ minimum de moins sur le court que tous les autres quarts de finaliste, il est donc frais pour ce premier test révélateur. Berdych a été impressionnant face à Delpotro et Fognini donc le voir démarrer pied au plancher n’est pas une surprise. Le Tchèque mène rapidement 3 jeux à rien puis 5-2 dans le premier set. Mais Federer doit avoir des racines australiennes. Les 15000 personnes de la Rod Laver Arena le pousse pour qu’il revienne. Le public crie plus fort que pour Kyrgios. L’ambiance est électrique et vire au chahut lorsque le suisse débreake. Mes voisines du jour sont des mamies néo-zélandaises. Elles sont là pour fêter l’anniversaire de l’une d’entre elles qui aura… 70 ans évidemment. Je vous ai dit que le public était très jeune. C’est vrai. Sauf que les organisateurs m’ont sûrement adjoint des surveillant(e)s d’âge mûr pour que je reste sage et me tienne à carreau. En tout cas, Nanny T (son nom pour ses petits enfants) vit le match à fond. C’est la première fois qu’elle vient voir un match en « vrai ». Il faut donc quelques minutes pour habituer son œil à la vitesse de la balle et la perspective des effets. Et dès que la balle flotte un peu, cette fan de Federer pousse un petit cri d’effroi qui amuse tout le voisinage. Du calme, Nanny, ça va bien se passer.

La preuve, le Suisse remporte le set au tie-break et renverse le stade. Berdych joue vraiment très bien. C’est sûrement le premier vrai adversaire pour le numéro 2 mondial dans ce tournoi. Mais ce n’est pas suffisant. Vous penserez sans doute que je ne suis pas objectif mais la performance de Federer est un régal. Le maestro donne un récital. Toute la panoplie technique y passe. Victoire en 3 sets. Toujours pas de manche perdue pour le Suisse. 14ème demi-finale ici en 15 ans.


Puis, comme un rituel, l’interview du vainqueur par Jim Courier est à nouveau un délice. Point besoin pour l’Américain de participer au tournoi des légendes, il est meilleur un micro à la main. En parlant de légendes, pour la suite de la soirée, on nous propose IvanisevicPhilippoussis opposés aux frères McEnroe. Vous iriez manger dans un restaurant à la marque au M jaune en sortant d’un étoilé ? Moi non plus. Je préfère quitter le Melbourne Park.


Au fait, je n’ai pas recroisé Rod Laver. Je n’imagine pas un instant qu’il puisse m’avoir oublié. Toutefois par sécurité, j’avais assuré dimanche avec une photo devant son indéboulonnable statue à l’entrée de « son » stade. A suivre.

Simples dames Demi-finales
  • Halep-Kerber
  • Mertens-Wozniacki
Simples hommes Demi-finales
  • Cilic-Edmund
  • Chung-Federer