Berlin 2018 jour 5

Pas de session matinale aujourd’hui, excepté les épreuves de marche, repoussées de 2h pour cause de fuite de gaz. Les parties du Royaume en marche se baladent puisque les Espagnols remportent les 2 titres.

Les championnats ne reprenant qu’à 20h, je profite de ma journée pour musarder. Pas loin d’Alexanderplatz se trouve le festival estival de théâtre de rue. On peut manger, boire, se divertir, apprécier les différents numéros musicaux et spectacles et même se faire coiffer. Le quartier respire la Bohème et je vis de l’air du temps. La faim se fait sentir et dans cette foule, les frites me bottent. Terrasse, café, soleil, en ce 11 août, la vie est un long fleuve tranquille, chère à Patrick Bouchitey.

Retour au stade, la foule est au rendez-vous, entre 50000 et 60000 personnes. Les Allemands ont probablement ramené leurs cousins germains.

Le programme est succinct, seulement 2h, mais très dense.

Près de moi, Nelson a retrouvé sa place et est près à tendre le bras gauche avec bon œil. A la hauteur hommes, Przybylko (s’il lui prend l’envie d’épouser la sœur de Wojceichowski, j’espère pour le fonctionnaire de l’état civil qu’ils n’accoleront pas leur nom), est porté par son public. Un sans faute jusqu’à 2,35m, record personnel égalé, lui permet de remporter le titre dans une clameur extraordinaire.

Sur 400m, Floria Guei s’écroule mais pas la Néerlandaise Lisanne De Witte, qui prend le bronze avec un record national. A mes côtés, sa famille hollandaise n’arrête plus de hurler et les larmes de joie fusent. A ce moment, je repense à la personne qui n’avait jamais mis les pieds dans une enceinte sportive et qui m’a dit que regarder l’athlé c’était aussi bien à la télé que dans un stade car on voyait mieux. Niveau émotions, il a les parents des athlètes qui pleurent dans son salon ?

Sur 200m, la Britannique effectue un départ si canon qu’on a l’impression que sa dauphine Schippers a du chewing-gum dans ses startings. Asher-Smith n’a laissé que des cendres derrière elle.

A la longueur, l’Allemande Mambho passe de la fourmi à la cigale. Eliminée et besogneuse avant le 3ème essai, elle sort le grand saut qui la consacre dans une ambiance de tonnerre. Et bien, elle peut danser maintenant et chanter tout l’été.

Les coureurs de demi-fond français rentrent en piste et tout le staff se place à 2 rangées. Parmi eux, Jimmy Vicaut (inutile de rajouter des calembours ou autre jeux de mots, je commence à en avoir gros sur la patate).

Au disque, la Croate Perkovic reste coincée à 59m jusqu’au 5ème essai pour un record à 71m. Deux fois championne du monde, double médaillée d’or aux Jeux olympiques, quatre fois championne d’Europe, invaincue en Ligue de Diamant depuis 2012, elle se rappelle alors tous ses tubes de l’été pour remporter le disque d’or. Sur 800m, Bosse fait de son mieux, ose partir à la cloche mais Kszczot est vraiment trop fort. Il laisse même la deuxième place à un Suédois mais son bronze n’est pas du kit.

Sur 5000m, pas de Mekhissi-Benabbad, pas remis de son titre sur 3000m steeple. Qu’importe, on retrouve Amdouni, vainqueur sur 10000m et la nouvelle légende du demi-fond européen, le Mbappé du tartan, Jakob Ingebrigtsen, pas encore 18 ans. Comme il est mineur, son frère Henrik, de 9 ans son ainé, doit le chaperonner et l’empêcher de fuguer. Mais le chenapan est joueur. Un coup d’œil à la cloche pour vérifier que le frangin n’en peut plus et le junior résiste au moustachu, clone de Freddy Mercury sous pression. Jakob rentre par la grande porte dans la bible du demi-fond. Pas de discours de remerciement par contre pour notre Français Amdouni pour sa 3ème place mais 2 médailles valent bien une photo. Reste à savoir ce qu’aurait donné la course avec l’Anglais Mo Farah, qui à sa grande époque l’aurait sans doute gagnée en claquettes.

Comme Henrik, Jonathan et Kevin Borlée sortent leur petit frère Dylan sur 4*400m ce samedi soir. Pour faire le 4ème, ils ont appelé un copain, Jonathan Sacoor, qui s’accorde bien à au trinôme. Avec eux, c’est tout ou rien, c’est noir ou blanc, c’est 0 ou 1, c’est borléen. Or ce soir, ce n’est pas du lard, c’est de l’art et de l’or.

Notons le prix spécial de la Tom Sawyer de la semaine remis à l’Espagnol Bruno Hortelano, 4ème du 200m jeudi, qui, pour son relais, a dû oublié qu’un 400m c’est 2*200m. Ca doit piquer un peu…

Pour clôturer la soirée, une injustice. Floria Guei qui se fait distancer à 150m de l’arrivée. L’acide lactique jusqu’aux oreilles, elle paie là les efforts de son 2ème 400m en moins de 2h. Floria pagaie pas gaie dans la dernière ligne droite et sauve tout de même la breloque d’argent. A suivre.